Sexualité
nom féminin
Ensemble des diverses modalités de la satisfaction sexuelle.
Sextopie ?
Pouvoir coucher à tout moment avec n'importe qui tout en menant une vie de famille épanouie.
Ceci est une utopie, une dystopie ou une (j'ose inventer le mot) sextopie. Imaginée par Regis de Sa Moreira et Jeanne Detallante, les deux auteurs décrivent dans un dialogue la venue d'une nouvelle ère de la vie sexuelle en société. En gros, tout le monde peut coucher avec tout le monde, il n'y a plus de tabous, c'est le désir de chacun qui règne.
Les conséquences : plus besoin d’hôpitaux, plus besoin de télévision, d'internet, d'ordinateur et surtout une vie sociale fortement présente. Tout le monde sort avec le plus grand plaisir pour faire de nouvelles rencontres dans le quartier. Le Tour de France dure un an et demi car les cyclistes font constamment de nouvelles rencontres et doivent interrompre la course pour assouvir leurs désirs et ceux des populations locales.
Le mot jalousie n'a plus de sens, suicide et terrorisme deviennent des termes d'un monde ancien, dépassé, comme les films d'amour, les drames et tragédies.
Et puis ? Est-ce le rêve d'une égalité absolue ? D'un équilibre trouvé par l'expression de nos besoins primaires ? Je me demande comment le désir peut persister dans une telle situation ? Peut-il croître jusqu'à l'infini ou trouve-t-il sa fin ? Que fait celui qui ne désire pas ?
Je pense à l'idée de l'utopie en général. J'aime les utopies, j'aime rêver et imaginer un monde meilleur. Et tout de même, je m'accroche à l'idée d'un dualisme qui crée une balance. La vie sans la mort ? Quel sens garde la vie ? La joie sans la souffrance ? La satiété sans la faim ? L'amour sans la haine ? Le chaud sans le froid ?
Sur quel fond repose ma perception dualiste de ce monde ?
Être passionné. Être équilibré. Est-ce possible de rêver d'un équilibre tout en cherchant constamment à le déstabiliser, déconstruire l'harmonie ? J'ai bien l'impression que c'est ma façon d'aborder ce monde. Comme Sisyphe qui pousse son rocher en haut de la montagne et qui décide délibérément de le faire tomber tout juste avant d'atteindre le sommet par peur de perdre le sens de son existence.
Je reviens à mon idée qui me fait croire que la passion me rend vivante. Elle me donne du sens. Et pourtant, ce serait tout autant une solution de chercher l'équilibre, l'effacement, la fadeur dans un concept plutôt asiatique. Dans les deux cas nous tâchons de structurer notre présence sur cette planète, à la mettre sous l'angle d'une vision particulière de ce monde.
Un journal télévisé de Regis de Sa Moreira et Jeanne Detallante dans la Revue illustrée Citrus Sexe de janvier 2015.
À relire :
https://addict-culture.com/citrus-extraits/
Image de Jeanne Detallante