Mes limites

Quand je parle de moi je joue constamment avec la frontière entre ce que j'aimerais garder pour moi et ce que fais apparaitre de mon intimité pour mieux me faire comprendre...

 

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J'ai peur

Peur de montrer ma

Ma quoi ?

Faiblesse ?

C'est pas ça, pas tout à fait.

Peur d'être moche

De cracher et être méchante

Je veux plaire

Je veux être belle

Je veux qu'on trouve beau ce que je fais

J'ai peur de l'erreur

Du jugement

Mais le jugement qui réprime tout est le mien

Toute seule j'arrive à me brider

A me trouver moche

A me trouver ennuyeuse

A manquer de ceci et de cela

De tout ce qui est lié au lâcher prise

Je veux à tout prix contrôler

Je ne peux même pas jouir vraiment

Mais vraiment je veux dire

C'est quoi de tout perdre ? Le sens de ce qui est haut et qui est bas, sortir de mon corps

Et en même temps ai-je envie de perdre le contrôle ?

Drogues ? non merci

Alcool ? non merci

Sport extrême ? non merci

Aventures exhibitionnistes ? non merci

Je suis bien dans mon petit cadre de vie

Bien organisé

Ma chambre bien rangée.

 

Lire Virginie Despentes me fait vibrer

Voir L'Empire des signes ou Emmanuelle m'excite

Écouter un morceaux comme Ya Balad peut me faire des frissons, me faire pleurer, me faire comprendre la profondeur de notre existence

Mais ce n'est pas que moi, c'est moi en présence d'une œuvre inspirante

C'est elle qui parle

Elle qui exprime pleinement

En plus elle est parfaite

Travaillée

Profonde et en surprise, sonne spontanée

Et en fait c'est du boulot de créer cette œuvre

Je bloque là

Si je veux créer, par où commencer

Mon imperfection ?

Est-ce légitime de vouloir atteindre la beauté et la perfection en partant d'une matière médiocre ?

Dire pour dire

J'ai peur de dire sans avoir besoin de dire

J'ai peur de ne pas être intéressante

J'ai peur de ma naïveté, de dire des choses connes

J'ai peur du vide

VIDE

VIDE
VIDE

Du rien qui se trouve après

Merde comment je peux me faire comprendre ?

Comment je peux me faire entendre ?

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Je suis accro à ce qui est maitrisé

Le théâtre, souvent lié à la perfection

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Putain maman, c'est toi qui m'a toujours raconté que tu ne peux pas lâcher prise

Que même quand tu as été enceinte de moi et que tu as bu toute une nuit par chagrin pour perdre le contrôle, tu n'a jamais cessé de savoir où tu étais, qui tu étais...

Et moi, j'ai fait pareil. Complètement saoule, un soir au Wamboldter Sand, soirée, fête, Wodka Orange, il y a un mec qui fume du shit. On se regarde. D'un coup je me vois l'embrasser à fond, debout, plus loin de la foule. Je ne contrôle plus mes actions mais je me vois toujours faire. M'allonger, nue, son sexe érigé, moi vierge, sèche, impénétrable. Heureusement.

Puis une pote d'école qui passe, nous voit allongés l'un sur l'autre, elle gueule : mais cherchez-vous un hôtel, quoi.

Quelle honte. Chaque image gravée pour toujours.

Sa phrase, son dédain, j'ai perdu le contrôle et j'ai été jugée.

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Terminé, je veux être irréprochable. Aimez-moi.

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Je me mets à me sentir mal

Mal en point

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Pas assez cool

Pas assez ceci

Pas assez mature

Pas assez détendue

Pas assez gueule ouverte

Pas assez belle

Pas assez provocatrice

Pas assez copine de toutes

Pas assez séduite

Pas assez sifflée dans la rue

Pas assez parfaite

Pas assez génie en chant, en piano

Pas assez bonne pour être actrice

Pas assez classe pour plaire

Pas assez drôle

Pas assez expressive

Pas

Pas

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Et aujourd'hui

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Pas assez intime

Pas assez originale

Pas assez crue

Pas assez génie

Pas assez bonne pour écrire

Pas assez aimée par mes collègues

Pas assez pote

Pas assez dans le présent

Pas assez passionnée

Alors que je me suis mis en tête de parler de passion et de désir.

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