top of page

Fondation

nom féminin

(latin fundatio, -onis)

Action de fonder un pays, une ville, une institution, etc., d'en établir les bases.

La femme sauvage

Les fondations ne sont pas uniquement institutionnelles (religion, état, culture).

 

Et si nous étions des êtres chargés d'une mystique en lien étroit avec la nature ? Vivions en présence d'esprits, de sages, de sorcières, de guérisseuses, de femmes-louves ? (Je vous propose de lire le conte La Loba en bas de la colonne droite).

Et si je poursuivais une telle réflexion dans une époque hyper-technisée, chargée d'un cynisme pour toutes sortes de quêtes de reconnexion avec soi et la nature. Je pense directement aux clichés :  voyager en Inde, enlacer des arbres, manger ce que nous avons planté, méditer... J'ai l'impression que ces démarches sont quasi immédiatement connotées comme utopies adolescentes avec des restants d'une époque hippies : sex, peace and love. Le bio, l'écologie sont balayés du revers de la main : de tout façon "ça ne sert à rien"

Ce cynisme m'embête.

Et pourquoi ne devrais-je pas chercher une vie équilibrée et paisible ?

Et si je faisais attention à ce que je mange pour me sentir mieux ?

Et si je faisais du Yoga dans la forêt ?
Et alors, si j'enlaçais des arbres ?

Et si j'étais en quête de sens ?

Et si j'assumais un peu plus l'hippie en moi sans me préoccuper de ce qu'en pensent les autres ?

La chanson dont vous pouvez lire les paroles sur la droite dit que mon cœur est dans le paysage des Highlands. Pour moi, mon cœur a besoin de se ressourcer dans des lieux comme les Highlands.

Mon cœur est rempli en voyant la vie s'épanouir dans des plantes, des eaux, des animaux ou les humains. Voir la vie grandir, pousser, périr, mourir, rayonner, flétrir est pour moi source de plus haut intérêt. C'est là pour moi l'origine des émotions.

Me mettre à l'écoute de la femme sauvage veut simplement dire : laisser place à l'intuition. Je vois dans le mot sauvage être capable de laisser place aux émotions, d'orienter ses décisions en fonction des signes que le corps et l'environnement donnent à lire, de prendre soin, de jouer, de s'exprimer sans contraintes, de défendre à pleine dents, de fuir s'il le faut. Cette écoute est pour moi moins évidente dans le flot de la vie citadine. C'est vrai que trop de présence humaine tout le temps m'éloigne d'un battement plus lent, le battement des rivières, des arbres, du vent, du soleil, du lac.

Je pourrais continuer sans cesse cette liste mais cette quête peut également s'exprimer autrement : écouter mes intuitions, me ressourcer dans la nature, marcher pieds nus de temps à autre, manger local et bio, tout cela ne fait pas de moi une extrémiste spiritualiste. Loin de là. J'ai l'impression de m'ouvrir à de nouvelles façons de voir ce monde, de m'en inspirer, de m'enrichir.

 

Juger est souvent plus simple que tolérer.

J'ai l'impression de devoir me justifier devant la profession. Devant des mecs. Devant le cynisme maladif. Devant mon père qui juge la quête de l'harmonie. Devant mon frère qui prend le libéralisme comme base et qui croit que les alternatives n'ont aucune chance. Devant certains amis qui croient que le bio est aussi mauvais que tous les autres produits. Devant des artistes, intellectuels désillusionnés, n'ayant que du dédain pour les utopies d'une vie meilleure. Alors que je ne souhaite déployer aucune force à me justifier.

C'est à prendre ou à laisser.

Simple. Basique.


 

My Heart's in the Highlands de Arvo Pärt

Paroles My Heart's in the Highlands

 

My heart's in the Highlands, my heart is not here, My heart's in the Highlands a-chasing the deer - A-chasing the wild deer, and following the roe; My heart's in the Highlands, wherever I go. Farewell to the Highlands, farewell to the North The birth place of Valour, the country of Worth; Wherever I wander, wherever I rove,

The hills of the Highlands for ever I love.

Farewell to the mountains high cover'd with snow;

Farewell to the straths and green valleys below;

Farewell to the forests and wild-hanging woods; Farwell to the torrents and loud-pouring floods. My heart's in the Highlands, my heart is not here, My heart's in the Highlands a-chasing the deer Chasing the wild deer, and following the roe;

My heart's in the Highlands, whereever I go.

La Loba extrait de Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés

 

LA LOBA

Il est une vieille femme, qui vit dans un endroit caché, connu de tous mais que bien peu ont vu. Comme dans les contes de fées d’Europe de l’Est, elle semble attendre que les personnes perdues, errantes ou en quête de quelque chose parviennent jusqu’à elle.

Elle est circonspecte, souvent, velue, toujours grosse et fuit la compagnie des autres. Elle croasse et caquette et s’exprime plus par des cris d’animaux que par des bruits humains.

Certains diront qu’elle vit sur les pentes de granit érodées du territoire des Indiens Tarahumara. On dit aussi qu’elle est enterrée en dehors de Phoenix, près d’un puits. On l’aurait vue descendre vers le sud, vers Monte Alban, dans une voiture complètement délabrée, avec la vitre arrière rabattue. Elle se tiendrait sur la grand-route près d’El Paso. Elle accompagnerait les camionneurs qui foncent vers Morelia, au Mexique. On l’aurait aperçue sur la route du marché, au-dessus d’Oaxaca, avec sur le dos des fagots aux formes curieuses. Elle se donne différents noms : La Huesera, la Femme aux Os ; La Trapera, la Ramasseuse, et La Loba, la Louve.

La Loba a pour unique tâche de ramasser des os. Elle a la réputation de ramasser et de conserver surtout ce qui risque d’être perdu pour le monde. Sa caverne est pleine d’os de toutes sortes appartenant aux créatures du désert : cerfs, serpents à sonnettes, corbeaux. Mais on la dit spécialiste des loups.

Elle arpente les montanas, les montagnes, et les arroyos, le lit asséché des rivières et les passe au crible, à la recherche d’os de loups. Lorsqu’elle est parvenue à reconstituer un squelette dans sa totalité, lorsque le dernier os est en place et que la belle architecture blanche de l’animal est au sol devant elle, elle s’assoit auprès du feu et réfléchit au chant qu’elle va chanter. Quand elle a trouvé, elle se lève et, les mains tendues au-dessus de la criatura, elle chante. C’est alors que la cage thoracique et les os des pattes du loup se recouvrent de chair et que sa fourrure pousse. La Loba chante encore et la bête s’incarne un peu plus ; sa queue puissante et recourbée se dresse.

La Loba chante encore et la créature se met à respirer.

La Loba chante toujours, un chant si profond que le sol du désert tremble et pendant qu’elle chante, la bête ouvre les yeux, bondit sur ses pattes et détale dans le canyon.

Quelque part durant sa course, soit du fait de sa vitesse, soit parce qu’elle traverse une rivière à la nage, qu’un rayon de lune ou de soleil vient de poser sur elle, elle se transforme soudain en une femme qui court avec de grands éclats de rire vers l’horizon, libre.

C’est pourquoi on raconte que si vous errez dans le désert au coucher du soleil, peut-être un tout petit peu égaré et sans doute fatigué, vous avez de la chance, car La Loba peut vous prendre en sympathie et vous montrer quelque chose – quelque chose qui appartient à l’âme.

cf

p.51

Quel que soit le nom qu'on lui donne, la force que personnifie La Loba enregistre le passé de tous et le passé du monde, parce que, génération après génération, elle a survécu et qu'elle n'a plus d'âge. Elle est l'archiviste des intentions des femmes, la conservatrice de la tradition féminine. Ses moustaches perçoivent le futur ; son regard voilé de vieille sage voit loin ; elle existe simultanément en amont et en aval du temps.

Cette ancienne, la Vieille Qui Sait, nous la portons en nous. Elle s'épanouit au plus profond de l'âme-psyché des femmes. Elle habite cet espace du temps où l'âme du loup et celle de la femme se rencontrent, où l'esprit et l'instinct se mêlent, où la vie profonde assoit la vie de ce monde. C'est le point où se rejoignent et s'embrassent le "je" et le "Tu", l'endroit où, en esprit, les femmes courent avec les loups.

Cette vieille femme se tient entre deux mondes : celui du rationnel et celui du mythe. Elle est leur articulation.

Citations

bottom of page