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Frontière

nom féminin

(de front)

Limite séparant deux zones, deux régions caractérisées par des phénomènes physiques ou humains différents

La maîtrise

Je crois que pour l'instant, ce que je fais reste dans une volonté de plaire, d'être dans un certain cadre, de devenir sensible, triste même, mais pas de devenir moche, ou dissonante. Je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi.

Une des définitions du mot maîtrise évoque la domination de soi. Pour pouvoir vivre en société, nous nous adaptons à un canevas de règles. Retenir ses pulsions et ses envies est aussi synonyme d'agir pour le bien collectif. Comment je peux m'exprimer librement si au fond je cherche à créer l'harmonie autour de moi, à ne surtout pas importuner mes semblables, à ne vouloir provoquer que des sensations agréables. Je n'arrive pas à assumer mon pouvoir de gêner, d'énerver, de faire mal. Je veux être appréciée et aimée par tout le monde, alors j'essaie d'être appréciable et aimable.

Dans le portait réalisé par Nina Negri, que vous pouvez visionner ci-contre, je trouve un constat intéressant : la plupart du temps, je me regarde faire, dès que je me sens observée, qu'on me prête attention. Tant que je me regarde, ça ne peut pas devenir intéressant, c'est ça mon constat. Je pense que ça doit être une des raisons pour lesquelles je veux parler de passion. Je crois chercher dans la création passionnée un endroit qui dépasse la maîtrise et l'observation de soi. Avec une technique de jeu d'acteur nommé le Laisser traverser, j'ai commencé à comprendre ce que cela veut dire de se faire traverser par des états, des émotions, des musiques. Il me semble que depuis que j'ai eu contact avec cette pratique jouissive, je cherche à retrouver ces sensations dans la mise en scène : loin de la maîtrise et de la volonté. Dans l'instant présent.

Le Laisser traverser - de la vie à l'état brut

Une des raisons principales pour lesquelles je souhaite parler de passion est ce sentiment incroyablement fort de vivre : de la vie à l'état brut. Ce sentiment nous arrive dans des moments de vie particuliers : être pris par une peur de survie (ou de mort ?), faire l'amour avec une soif animale, aimer quelqu'un jusqu'au papillons et fourmis qui tourmentent tout le corps, être pris dans des forces naturelles, une pluie battante sur notre peau, une tempête orageuse, ou alors lors d'un Laisser traverser. Le Laisser traverser permet de donner voix à la vie en nous, sans frontières, sans pudeur. L'exercice donne un cadre à un voyage au travers de nos passions, joyeuses et tristes. La musique devient un guide de voyage qui surprend celui qui se laisse traverser. Comme quand je regarde un bon spectacle, je ne décide plus de mes émotions ou réactions. Je suis prise au piège de manière très agréable et je m'abandonne pleinement aux stimulations. Au delà de parler de cette passion, je voudrais créer un spectacle qui stimule un endroit dans lequel le public pourra lâcher prise et se laisser traverser.

LISA un portrait réalisé par Nina Negri

LISA
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Le Laisser traverser est un exercice de théâtre qui est proposé dans la formation du Théâtre Le Hangar à Toulouse et à l’École du Jeu à Paris.

 

Il faut de la place, de préférence un plateau, des interprètes et de la musique.

 

Les interprètes doivent être préparés et échauffés. Pour cela il est conseillé d'aborder en détails la prise de conscience corporelle en passant par  des exercices qui éveillent différentes parties du corps. Au delà d'un éveil corporel, je parlerais plutôt d'une connexion entre l'âme et le corps.

Départ du Laisser traverser: point zéro. Les interprètes sont debouts et accueillent ce qu’il y a. Sans transformer.

Une musique démarre, de préférence des morceaux aux paroles bien identifiables pour apporter une couche de compréhension. Les mots, les rythmes, les différentes voix des instruments, du chanteur ou de la chanteuse parviennent aux interprètes.

Les interprètes prennent ce qu’ils entendent et se laissent traverser par le son, les émotions naissent et évoluent.

Il ne s’agit pas de rentrer forcément dans le rythme d’une musique, ce n’est pas de la danse en soi. L’idée c’est de rentrer dans un état de jeu.

Après une chanson, tout le monde revient au point zéro.

Pour ensuite enchainer avec la prochaine chanson.

Un laisser traverser peut avoir des durées variables, 30 minutes, 45 minutes, 1h voir 1h30minutes…

Les interprètes travaillent avec la fatigue et souvent après un passage très engagé la fatigue fait place à une nouvelle énergie créative.

Cet exercice permet aux interprètes de découvrir leur capacité d’expression par l’intensité, l’exagération, le manque de la voix (dans un premier temps) laisse la place aux expressions corporelles.

Avec plus d’exercice, il est possible d’aborder un travail sur des qualités de jeu très précises, d’aborder la voix, le texte, l’interaction entre interprètes.

Citations

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