Vivant
adjectif
Qui exprime avec force la vie.
MOI
Pourquoi ces photos ?
Parce que je me sens vivante en regardant les photos de mon enfance.
Parce que cela change mon regard sur moi.
Parce que ces photos brossent mon égo dans le sens du poil.
Parce que j'aime me voir en tant qu'enfant.
Parce que je veux partager ce passé même s'il n'évoque rien pour d'autres.
Parce que c'est Roland Barthes qui m'a donné envie. Il m'a donné cette envie de retrouver des photos de mon enfance mais je n'ai pas la même motivation que lui. Je n'ai pas envie de faire un travail qui expose principalement ma vie ou mon rapport à l'écriture. Lui, en 1975, était proche de la fin de sa vie. Moi, je suis en plein dedans. Mais je peux tout de même vouloir intégrer dans ces fragments mes photos d'enfance. Tout simplement.
Parce que je ressemle à une fille asiatique sur la photo juste à droite.
Parce que j'ai fait plein de choses quand j'étais petite : camper, lire, marcher, dormir, passer l'aspirateur.
Parce que ces photos me montrent en pleine vie, en train d'agir alors qu'aujourd'hui je suis en posture d'écriture ce qui m'écarte légèrement de la vie. Je ne vis pas le présent activement, je passe mon temps à décrire ce que veut dire, vivre et créer. Barthes l'exprime de la façon suivante : Car tel est le sens théorique de cette limitation : manifester que le temps du récit (de l'imagerie) finit avec la jeunesse du sujet : il n'y a de biographie que de la vie improductive. Dès que je produis, dès que j'écris, c'est le Texte lui-même qui me dépossède (heureusement) de ma durée narrative. (...) L'imaginaire d'images sera donc arrêté à l'entrée dans la vie productive (...). Un autre imaginaire s'avancera alors : celui de l'écriture.*
Parce que ma famille ne comprend pas le français, alors ce sera la seule fiche qui pourra les toucher vraiment.
Parce que je me rends compte en les regardant à quel point j'ai eu une enfance riche.
Parce que je ne voulais surtout pas m'exposer sans véritable raison. Je pense que je dois plus souvent assumer et faire ce que je n'ose pas faire par peur du jugement et du regard des autres. J'ai une certaine culpabilité de montrer que je m'aime.
Parce qu'une des mes passions premières c'est quand-même moi et ma vie.
Série de photos de moi enfant
*Roland Barthes par Roland Barthes, Ed. du Seuil, Paris, 1975, p. 10.