Vivant
adjectif
Qui exprime avec force la vie.
En création
Créer c'est pour moi trouver le flow, peu importe quel rythme, l'important est de trouver un. Mon rythme de l'écriture est du passé, c'était le mien, à moi seul mais maintenant je suis entourée. J'ai Mélina, Samuel, Guillaume, Marie et Flavia. Je partage avec eux mes interrogations, mes envies surtout. Et je veux qu'ils puissent apporter les leurs. Je veux leur laisser une place conséquente.
Mélina doit trouver sa place dans cette pièce. C'est elle qui joue. C'est elle qui parle et qui exprime nos paroles. J'aime comme elle s'approprie tout. Il faut que ça passe par son désir. Elle est une femme qui suit ses désirs. Peut-être je l'ai choisi pour ça. Ou je le savais simplement pas. Mais en fait elle colle parfaitement à l'idée de la pièce. Quand elle ne comprend pas, on n'avance plus. Quand elle n'y croit pas, on doit chercher ailleurs. Je la suis, elle me suit, on se suit. Parler d'improvisations était une épreuve. J'avais ma définition et elle la sienne. Fallait se connecter, définir et trouver un vocabulaire commun.
Samuel bat le rythme. Il est toujours là. Disponible. Lui aussi doit comprendre les choses. Il redéfinit par ses propres mots et je le trouve juste. Il sait mesurer, volume et vitesse, c'est lui qui rendra la pièce battante et vivante.
Marie, Guillaume et Flavia gravitent autour de nous, apportent des réflexions concernant l'espace, la dramaturgie, ils me font prendre du recul. Regarder autrement. Regarder l'espace. L'ensemble.
Quand je ne sais plus où aller, je regarde mon site. Je vois les thèmes défiler et je dis, ça colle. Tout me parle. La pièce y est déjà dessinée. Ce sera tout différent de ce que je voyais pendant l'écriture et tout de même fidèle aux maximes que je me suis donnée : parler de ce qui nous tourmente profondément, parler de désirs, de vie.
Partager avec les autres ce qui nous anime. Espérer que le public vit la pièce intensément. C'est toujours l'envie d'hystériser et d'affecter le spectateur. A la quête de l'hypersensible comme dit Évelyne Grossmann.
Et ma question de la place de l'excitation au théâtre y trouve une résonance. L'envie de savoir par quoi l'actrice est animée crée cette excitation.
Nous pensons le texte de Phèdre en termes de musique. Le rythme, les tonalités, les accents importent et reflètent l'évolution de ce qui se dit. On cherche un peu comme David Marton la musicalité de l'être humain : notre individualité et nos sentiments profonds sont exprimés au travers de la musique.
La temporalité de la pièce peut s'expliquer en cycles. Comme une courbe sinueuse, l'actrice est traversée par le doute, la fragilité, le besoin obsessionnel d'affirmer son amour, la sérénité, le calme, l'agacement... des états qui se renouvellent sans fin.
Et pourquoi Phèdre ? Pourquoi un personnage tragique alors que nous voulons rompre avec la fatalité, nous voulons opter pour la vie. Tous ces mythes antiques qui parlent pour nos tourments. Comment les réinventer ? Encore adapter les mêmes histoire et non pas en écrire de nouvelles ? En fait c’est bien là le rôle des mythes : ils sont des symboles qui ouvrent l’imagination.
Instrumental de rap au piano produit par Djee Beats, comme fond pour dire ce texte.
Extrait du discours Meg Stuart's pour le Golden Lion de la Biennale de Venise.
"A life time. Has it been that long? As a dancer I never had a plan. My love and fascination for movement made me commit though I never found it easy. But I thought that maybe, if I could show my doubts, my vulnerability and questions through my body, and the darkness inside, perhaps this could also be dance." -