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Temps

nom masculin

(latin tempus)

Notion fondamentale conçue comme un milieu infini dans lequel se succèdent les événements

Mouvement ininterrompu par lequel le présent devient le passé, considéré souvent comme une force agissant sur le monde, sur les êtres

Le cercle des fragments

Il y a un temps pour tout. Chaque chose a son temps. C'est maintenant que je redécouvre l'ouvrage Roland Barthes par Roland Barthes et chaque citation m'évoque mes interrogations, ma quête de ce mémoire : écrire des fragments d'une passion, de mon rapport à la vie.

Au fil de l'écriture je me suis rapprochée d'une écriture fragmentée. Au départ je voulais créer des fiches pour classer des idées, inspirations et outils de travail dans un système logique et utile pour la création. La mise en place d'un tel système me paraissait au fur et à mesure trop théorique et trop loin de ce qui me fait battre le cœur. J'ai décidé alors de décrire ces moments forts qui pour moi sont des événements passionnels. Avoir une idée est comme une jouissance et je cite Barthes dans la fiche Une idée qui flétrit. Les fiches sont restées, elles structurent ce récit et chacune représente pour moi un fragment. Pourquoi l'amour du fragment ? Roland Barthes rapproche l'organisation par fragments à l'idée musicale d'un cycle. Mon projet de création sera construit comme un album de musique, par chansons qui se répondent, qui sont solitaires et font un ensemble à la fois. Barthes constate qu'il a un plaisir à écrire des débuts, il aime la jouissance d'une idée. Moi-même je remarque que mes inspirations sont constamment des débuts passionnels. Des moments qui sont comme un amour à venir. Un sentiment amoureux. J'aime ce feu d'artifice intellectuel et sensuel qu'une nouvelle idée me procure. Et j'ai aussi une forte crainte à conclure une idée en réflexion argumentée par peur de perdre ce coup de foudre. Comment maintenir la naïveté d'une idée tout en tirant des conclusions, en développant un raisonnement approfondit ? Est-ce par complaisance que je me suis efforcée de finir et de conclure mes fiches ? Ai-je véritablement terminé chaque fiche ou ne reste-elle pas au stade d'une idée nouvelle ? Aux lecteurs de décider. Dans tous les cas, dans la rédaction de ce mémoire je suis confrontée à ces questions et à la difficulté d'y répondre.

Barthes constate également que ces fragments sont une manière cachée de rédiger une forme de journal. Encore un point important qui reflète mes interrogations lors de l'écriture de ce mémoire. J'écris, alors je me fais entendre. Ces fragments passionnels ne sont ni une recherche philosophique et sociologique sur la passion, ni une autobiographie de ma vie passionnelle. Je navigue entre citations et confessions. En rédigeant ces fiches je parle de mon rapport à la vie et à la création. La partie qui touche à mon intimité est importante et cela me questionne parfois. Quelles sont mes motivations pour écrire ces fragments, ce journal de création ? Je pense que je cherche en écrivant à mieux comprendre ma façon d'aborder la création. Je relis régulièrement mes fiches pour ensuite y revenir , les polir, pour me rappeler avec bonheur d'une proposition ou douter d'une autre.

Roland Barthes par Roland Barthes, Ed. du Seuil, Paris, 1975.

 

p.111

Écrire par fragments : les fragments sont alors des pierres sur le pourtour du cercle : je m'étale en rond : tout mon petit univers en miettes ; au centre, quoi ?

p.112

"parce que l'incohérence est préférable à l'ordre qui déforme"

p.113

Quoi, lorsqu'on met des fragments à la suite, nulle organisation possible ? Si : le fragment est comme l'idée musicale d'un cycle (Bonne Chanson, Dichterliebe) : chaque pièce se suffit, et cependant elle n'est jamais que l'interstice de ses voisines : l’œuvre n'est faire que de hors-texte.

p.113

Aimant à trouver, à écrire des débuts, il tend à multiplier ce plaisir : voilà pourquoi il écrit des fragments : autant de fragments, autant de débuts, autant de plaisirs (mais il n'aime pas les fins : le risque de clausule rhétorique est trop grand : crainte de ne savoir résister au dernier mot, à la dernière réplique).

p.114

Sous l'illusion de la dissertation détruite, on en vient à la pratique régulière du fragment ; puis du fragment, on glisse au "journal". Dès lors le but de tout ceci n'est-il pas de se donner le droit d'écrire un "journal" ?

p.114

Production de mes fragments. Contemplation de mes fragments (correction, polissage, etc.). Contemplation de mes déchets (narcissisme).

Citations

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